De Quentin Vincent, finaliste FameLab France 2015

16 novembre 2015 - 14:31

Photo de Quentin Vincent et deux autres participantes FameLab
Trois des cinq FameLabbers devant la (grande) Commission européenne. A l'avant, Karina Pombo-Garcia et Suzanne Dunne. A l'arrière : Quentin Vincent.  ©

Courtesy of Quentin Vincent

Le 28 septembre 2015 a eu lieu une fête anniversaire de la première directive européenne sur le droit du médicament à l'échelle de l'Union, parue en 1965. Il s’agissait d’une conférence organisée à Bruxelles par la Commission européenne intitulée « 50 ans de régulation européenne du médicament : réalisations et perspectives ». Et devinez quoi ! Un mini-FameLab introduisait la session "Innovation" ! 

FameLab est une compétition internationale de communication scientifique ayant débuté en 2005 au festival des sciences de Cheltenham au Royaume-Uni. Son principe est simple : présenter en trois minutes avec clarté et charisme un concept scientifique de son choix à l’attention du grand public. Sans diapositive ! J’ai participé à l’édition 2015 et remporté l’édition parisienne en présentant la génétique humaine des maladies infectieuses (la vidéo est ici), une grande surprise qui m’a emmené dans une aventure qui se poursuit toujours...

Pas de médicament sans innovation scientifique. C’est pour souligner cette réalité que la Commission européenne a invité cinq FameLabbers impliqués dans la santé à « concourir » devant eux. L'occasion pour moi de rencontrer Karina Pombo-Garcia, Lucy Thorne, Marcia Goddard et Suzanne Dunne, FameLabbers de tous pays travaillant dans des domaines variés : nanoparticules et cancer, virologie, neurobiologie de l’autisme, et éthique médicale.

Alors que se passe-t-il quand cinq jeunes scientifiques venus d'Espagne (travaillant en Allemagne), du Royaume-Uni, des Pays-Bas, d’Irlande et de France se rencontrent grâce à FameLab pour parler de leur recherche devant la Commission européenne ? 

Médicament, risque et innovation

La journée commence par le témoignage de Kevin Donnellon, "survivant du thalidomide". Ce médicament était disponible sans prescription entre 1957 et 1962 pour traiter (semble-t-il efficacement) les nausées de la femme enceinte. Google Images vous donnera une idée des malformations provoquées chez leurs enfants, qui ont maintenant de 50 à 60 ans.

Voilà qui rappelait la raison d'être d'une institution publique de régulation des médicaments. Dans la salle, 400 personnes. De nombreux hauts et plus hauts responsables de la Commission européenne (qui emploie 30 000 personnes), des représentants de patients, des représentants de l'industrie pharmaceutique, quelques journalistes, et cinq apprentis-chercheurs-communicants (reconnaissables à leur absence de costume-tailleur-cravate).

Trop de sécurité tue-t-il l'innovation ? Trop de sécurité nuit-il aux patients ? Ce débat a animé toute la journée. Piques lancées contre un sentiment de frilosité européen en comparaison à une plus grande prise de risque américaine. Constats du faible nombre de nouvelles molécules disponibles malgré des besoins ré-émergents, face par exemple à la montée des résistances aux antibiotiques. Poil-à-gratter autour de l'usage incontournable de bon nombre de molécules hors-autorisation, surtout en pédiatrie où les méthodes d'évaluation des médicaments rencontrent leurs limites.

Au milieu de tout cela, l'intervention musclée de Peter O'Donnell, journaliste à POLITICO et animateur de la seconde session de la journée, qui, dit-il, a participé à trop de tables rondes, et rêve de discussions moins polies pour gagner en profondeur. « Like ».

Richard Bergström, représentant de l'industrie pharmaceutique, pose ensuite une question passionnante. Rappelant qu'Uber a révolutionné l'industrie du transport, qu'AirBnB a court-circuité celle de l'hébergement, il demande : qu'est-ce qui va venir 'hacker' la santé et sa régulation ? Pas de réponse pour le moment... Mais comme un avertissement que la société sait trouver des raccourcis autres que Ctrl+C.

FameLab entre en scène !

Le stress monte parmi les FameLabbers qui n'avalent pas grand-chose au déjeuner. Selon le sacro-saint principe de FameLab, nous avons 3 minutes sans diapo, éventuellement munis de tout ce qui peut tenir dans nos mains, pour présenter un concept scientifique qui nous tient à cœur - en l'occurrence en rapport avec la médecine.

Roulement de tambours !!

Ne résistez pas à voir ces vidéos de trois minutes...

  • Marcia entraîne la Commission européenne dans l'univers de l'autisme en *chantant* "If you're happy and you know it, Clap your hands" 
  • Suzanne invoque aspirateurs et photocopieuses pour montrer que nous savons accepter les génériques
  • Karina et Lucy luttent contre le cancer avec une pomme à cape et un virus-commando 
  • Et moi, Quentin, je médite avec Socrate et les big data génétiques pour renverser les maladies infectieuses ! 

Nos performances ont été très bien accueillies par la Commission. Lucy a remporté le prix du jury et Karina celui du public. De nombreuses personnes sont venues nous voir pour nous féliciter et nous remercier de ce qu’ils ont considéré être le soleil de leur journée ! Pas moins ! C’était réellement la rencontre de deux mondes…

Alors, que se passe-t-il quand cinq jeunes scientifiques venus des quatre coins de l’Europe se rencontrent grâce à FameLab pour parler de leur recherche ? Il se passe l'Union Européenne ! 

Photo de cinq participant au concours FameLab - Vincent Quentin à droite
De gauche à droite : Suzanne Dunne, Marcia Goddard, Karina Pombo-Garcia, Lucy Thorne, et Quentin Vincent. ©

Courtoisie de Quentin Vincent. Cinq FameLabbers se rendent à la Commission européenne.

Biographie de l'auteur

Quentin Vincent, finaliste FameLab France 2015

Quentin est médecin de Santé Publique et docteur en Génétique Statistique. Il a soutenu sa thèse en 2014 à l’Université Paris-Descartes. Il a travaillé à l’Institut Imagine dans le laboratoire INSERM de Génétique Humaine des Maladies Infectieuses, avec le CDTUB de Pobè au Bénin. Animé par le désir de connecter science et société, il a atteint la finale de Famelab 2015 France et a remporté le prix de la Recherche Universitaire du journal Le Monde.