Confession : Si vous avez lu un de mes précédents blogs en français, ce n'est pas moi qui les aie écrit à 100 %. J'écris en anglais et l'une de mes gentilles collègues les traduits. Mais cette fois, c'est moi qui écrit en français (donc il ne sera pas parfait). Lisez jusqu'à la fin pour savoir pourquoi...
Chaque année en Janvier, de nombreuses personnes prennent des résolutions. La plupart des résolutions se concentrent sur l’idée de devenir meilleur en quelque chose : obtenir de meilleures notes (étudier davantage, suivre un cours), mieux prendre soin de sa santé (arrêter de fumer, commencer à faire du jogging) ou faire mieux au travail (obtenir une promotion ou une augmentation de salaire).
Une résolution que les gens ne prennent pas généralement, mais que je pense qu'ils devraient prendre, est celle de faire plus d'erreurs.
Je sais que, au début, cela semble un peu fou et contre-intuitif. Il est naturel d'avoir peur des erreurs. Personne n'aime faire ou dire quelque chose d'idiot, surtout lorsqu'il s'agit de quelque chose pour lequel nous avons investis du temps, des efforts, voire de l'argent, dans l'apprentissage.
L'apprentissage des langues est un bon exemple, car lorsque nous parlons une langue étrangère, le résultat souhaité est bien réel.
Nous essayons de communiquer quelque chose de tangible. Il peut s'agir d'un enjeu important, par exemple parler à un collègue dans un autre pays pour résoudre un problème lié à une facture de plusieurs milliers d'euros ; ou d'un enjeu moins important, peut-être parler au réceptionniste d'un hôtel pour savoir à quelle heure le petit-déjeuner est servi.
Dans tous les cas, le résultat est réel. Et personne ne veut manquer son petit-déjeuner, n'est-ce pas ?
Cependant, il est important de réaliser que les erreurs font partie de votre processus d'apprentissage. Faire des erreurs dans l'apprentissage, fait de vous un meilleur apprenant pour deux raisons :
1. Les erreurs sont utiles
Faire une erreur est une expérience d'apprentissage utile, tant que vous y réagissiez de la bonne manière. Les erreurs et les échecs créent des souvenirs plus forts que les succès ; nous pouvons donc en prendre des leçons et éviter de les répéter. Mais cela dépendra de la façon dont vous réagissez à l'erreur.
Pour expliquer cela, examinons deux études portant sur ce qui se passe dans le cerveau des personnes qui commettent des erreurs.
Dans l'une des études, des étudiants universitaires ont effectué une tâche informatique, et dans l'autre des médecins ont choisi les médicaments à prescrire. Dans les deux cas, les participants étaient informés immédiatement s'ils avaient ou n’avaient pas pris la bonne décision, et avaient la possibilité de répéter la tâche pour mettre en pratique ce qu'ils avaient appris.
Les deux études ont révélé que le cerveau réagit de deux manières différentes aux erreurs. Dans le premier type de réponse, l'erreur agit comme une sonnette d'alarme et le cerveau devient plus alerte. Il essaie de comprendre l'erreur et reste plus concentré sur la décision suivante, comme s'il essayait d'empêcher qu'elle ne se reproduise. Avec ce type de réaction, les gens apprennent et s'améliorent réellement.
Le deuxième type de réaction, en revanche, ressemble plus à une porte qui se ferme. Le cerveau considère l'erreur comme une menace. Pour éviter les sentiments négatifs, comme la honte et le doute, le cerveau choisit de ne même pas penser à l'erreur - et n'apprend donc pas comment éviter de la répéter.
Les deux études ont aussi montré que l'attitude de la personne vis-à-vis l'intelligence était un indicateur fort de la réaction de son cerveau. Les personnes qui pensaient que l'intelligence était "plastique" et pouvait se développer et changer au cours de la vie étaient beaucoup plus susceptibles de faire attention à leurs erreurs.
En revanche, les personnes qui pensaient que l'intelligence était fixe, c'est-à-dire que l'on est soit bon dans une activité soit mauvais, étaient beaucoup moins susceptibles d'être capables de d'accepter leurs erreurs et d'en tirer des leçons.
Alors, que pouvons-nous apprendre de ces études ? Je pense qu'elles nous disent que les erreurs doivent être considérées comme des occasions potentielles d'apprendre, et non comme des problèmes potentiels. Ce n'est peut-être pas facile, mais nous pouvons vraiment entraîner nos cerveaux.
2. Les erreurs ne sont pas toujours graves
Cela semble une hérésie pour un professeur de langues d'écrire que les erreurs ne sont pas toujours très importantes - mais c'est vrai.
En linguistique, il existe un domaine spécialisé appelé « analyse des erreurs ». Nous pouvons classer les erreurs de différentes manières. L'une des plus importantes est de savoir si elles sont globales ou locales - et cela n'a rien à voir avec le fait qu'elles soient faites dans le monde entier ou uniquement ici en France !
Les erreurs globales empêchent, en quelque sorte, l'autre personne de comprendre ce que vous essayez de dire. Le sens n'est pas clair et la communication s'interrompt. En comparaison, les erreurs locales, bien qu'elles soient toujours des erreurs, n'empêchent pas la communication et la compréhension.
Les erreurs globales sont toujours importantes, mais les erreurs locales sont parfois une source de préoccupation excessive. Bien sûr, nous ne voulons pas en faire, mais en même temps, nous ne voulons pas qu'elles deviennent un obstacle à l'utilisation du langage que nous apprenons.
Les apprenants qui prennent des risques et communiquent beaucoup, même s'ils commettent quelques erreurs locales en cours de route, développent confiance en eux. Ce qui nous encouragent à poursuivre notre parcours d'apprentissage, et de se mettre dans des situations où nous pratiquons de plus en plus et avons l'occasion d'apprendre. Les apprenants qui laissent la peur de l'erreur les empêcher d'essayer, se retrouveront à apprendre plus lentement et seront également plus susceptibles d'abandonner.
En résumé, même si le proverbe latin "Errare humanum est" (l'erreur est humaine) est vrai, et que les erreurs sont inévitables, nous ne devons pas les laisser nous empêcher d'utiliser la langue que nous apprenons. Au contraire, souhaitons leurs la bienvenue !
Et c'est pourquoi j'ai essayé d'écrire moi-même en français. Me permettre de faire plus d'erreurs est l'une de mes résolutions cette année. Je suis nerveuse, mais j'ai aussi confiance, cher lecteur, que vous ne jugerez pas mon français et que vous écouterez plutôt le message que j'essaie de communiquer : Si vous apprenez l'anglais, utilisez-le. Parlez. Écrivez. Appréciez-le, et ne laissez pas la peur des erreurs vous arrêter.