De Florence Grewling

30 juillet 2014 - 10:46

Groupe avec Gary Stevens
Groupe de travail avec Gary Stevens ©

DR l’Avant Seine

En mai, le théâtre de l’Avant-Scène à Colombes a présenté le spectacle de l’artiste plasticien et metteur en scène britannique Gary Stevens, résultat d’un travail collectif mené pendant plusieurs semaines en résidence à Colombes avec des acteurs professionnels et des volontaires (deuxième partie).

Florence Grewling est l’une des participantes de cette aventure et elle nous livre ici ses réflexions sur la démarche de Gary Stevens et sur son expérience de théâtre en tant que volontaire.

Gérer les différences est sans doute l’une des tâches les plus difficiles qui soit. Réunir pour un travail commun des personnes d’âge différent, de milieu social différent, de profession différente, avec un vécu personnel différent et qui plus est ne se connaissent absolument pas et n’auraient sinon que très peu de chance de se rencontrer, est un défi.

Les premiers temps les gens sont sur la réserve, se jaugent, s’observent, s’évaluent de manière à trouver leur place dans le groupe. C’est compliqué de par la rareté et la brièveté des premières rencontres (quelques week-end).  Il faut presque recommencer à chaque fois car, dans l’intervalle, chacun a continué sa vie. Le miracle, c’est que tout cela s’efface dans le travail commun. Les répétitions gomment pour un temps ce qui sépare, ce qui oppose.

Je pense sincèrement que le thème abordé y est pour beaucoup, c’est un thème où chacun se reconnait, un thème qui fédère. On trouve son ou ses guides, on les suit pour ne pas s’égarer et se perdre en soi-même. Le travail de groupe est rare dans notre société. Le monde du travail et la sphère privée n’offrent que rarement l’opportunité de faire des choses ensemble. C’est tout un apprentissage. Participer à une œuvre commune, c’est renoncer à n’être que soi et ce n’est pas simple. Mêler professionnels du théâtre et volontaires est une démarche très humaine et très efficace pour l’élaboration d’une création.

Le théâtre est un monde particulier avec ses règles, ses conventions. Pour le profane qui regarde la scène de l’extérieur, tout semble aller de soi. Le spectateur est face au produit fini. Une fois à l’intérieur il en réalise la complexité. En tant que volontaire on se sent parfois perdu, dépassé, on doute et on a peur de ne pas être à la hauteur. Les professionnels sont alors notre pilier, l’arbre auquel on s’accroche pour ne pas tomber. Ils nous aident à relever le défi de faire et d’être ce que l’on ne fait pas et ce que l’on n’est pas dans la vie ordinaire. Et ça fonctionne.

On écoute, on apprend, on applique et ça fonctionne. Les liens se tissent doucement, les faiblesses se dévoilent, le personnel vient se mêler au professionnel. Le groupe en devient plus humain et plus fort.

Lisez le premier article de Florence Grewling : Comment définir le concept « L’un de nous » ?

Pour en savoir plus sur cet événement hors du commun, consultez la page événements du British Council France sur notre site.

Après une trentaine d’années au service de grands groupes, notamment Knoll International, Glaxo, Essec executive education, Kornferry International, Florence Grewling a quitté le monde de l’entreprise. Des événements majeurs l’ont amenée à reconsidérer l’orientation de sa vie personnelle et professionnelle et l’ont guidée vers une démarche de recherche de sens à ses engagements. Après un recentrage sur les valeurs humaines fondamentales, elle a décidé de s’attacher à faire connaître la philosophie au plus grand nombre, une philosophie humaniste et citoyenne. Elle mène depuis plusieurs mois une réflexion sur la création d’un espace pluriculturel inclusif offrant à tous l’accessibilité aux arts et à la philosophie avec une attention toute particulière aux personnes handicapées sensorielles, dans un souci d’éthique sociale et solidaire. La participation de Florence Grewling au projet de Gary Stevens ainsi qu’aux projets photo de Fausto Urru à Colombes lui permet à la fois d’exercer des activités qui la passionnent et d’analyser comment sa démarche philosophique peut s’insérer dans le cadre mouvant de la créativité.

L'un de nous de Gary Stevens