De Blogueur du British Council

30 août 2011 - 13:22

Les femmes qui passent derrière la caméra semblent peu nombreuses dans le milieu du cinéma. Quelques noms célèbres nous viennent immédiatement en tête – Agnès Varda, Jane Campion ou Claire Denis – et puis de jeunes vedettes montantes, Sofia Coppola aux États-Unis, Céline Sciamma en France, Lynne Ramsay au Royaume-Uni. Andrea Arnold, réalisatrice britannique née le 5 avril 1961 dans le Kent en Angleterre, est l’une des jeunes voix de la relève les plus talentueuses du moment. 

Dès son plus jeune âge, Andrea Arnold travaille dans le milieu de la télévision, comme actrice et présentatrice, après avoir quitté l’école. Elle décide ensuite de mettre un terme à sa carrière et part étudier la mise en scène au prestigieux AFI Conservatory de Los Angeles, avant de revenir faire des cours de scénarisation dans les PAL Labs du Kent. Andrea Arnold se fait remarquer dès 2005 avec un premier court métrage, Wasp, qui lui vaudra l’Oscar du meilleur court métrage de fiction.

L’année suivante, elle signe son premier long métrage, Red Road, premier volet d’un projet intitulé Advance Party inspiré par le Dogme 95, un mouvement cinématographique lancé sous l’impulsion de Lars von Trier. On sent d’ailleurs l’influence du cinéaste danois dans ce film austère qui se déroule en Écosse et raconte comment une opératrice pour une société de vidéosurveillance finit par suivre un homme qu’elle reconnaît à travers un écran, jusqu’à ce que l’on apprenne le terrible secret qui les unit. Le film est salué par la critique et obtient le Prix du Jury au Festival de Cannes en 2006. Andrea Arnold est de retour sur la Croisette en 2009 pour présenter Fish Tank, l’histoire d’une adolescente rebelle qui cherche à s’évader par la danse et le hip hop, et remporte à nouveau le Prix du Jury, de même que le BAFTA Award du meilleur film britannique en 2010.

Elle s’attaque maintenant à Wuthering Heights, le chef-d’œuvre d’Emily Brontë, dont elle livrera sa vision très personnelle dans une adaptation cinématographique présentée en compétition officielle à la Mostra de Venise. C’est un registre singulièrement différent pour Andrea Arnold, dont le style et les sujets s’inscrivent dans un cadre essentiellement urbain.

Andrea Arnold joue sur les nuances, et sa manière à la fois sensible et délicate de montrer ses personnages – des femmes, qu’elles soient célibataires ou adolescentes, souvent solitaires, désespérément à la recherche d’un sens à leur vie – contraste avec la froideur des HLM et des grands ensembles de banlieues de Fish Tank, ou la distance des caméras déshumanisées par lesquelles on entrevoit la vie plutôt que de la vivre réellement, comme dans Red Road. Pourtant, les battements de cœur, les mouvements des muscles de ces corps féminins à la dérive s’accordent aux bleus et aux gris du ciel, et les sentiments se dévoilent lentement, la mise à nu est progressive. Un film d’Andrea Arnold, c’est d’abord un choc esthétique, une élégance décapante et un regard sur le monde aussi tendre que cruel.