De Blogueur du British Council

27 juillet 2011 - 13:27

Née en 1964 dans le Berkshire, au Royaume-Uni, Katie Mitchell réalise sa première mise en scène pour le théâtre à l’âge de 16 ans. Après avoir fait des études en littérature anglaise à l’Université d’Oxford, elle part étudier le théâtre en Europe de l’Est, de la Russie à la Géorgie, en passant par la Pologne et la Lituanie. De retour au Royaume-Uni, elle fonde sa propre compagnie, « Classics on a Shoestring » (« Des classiques à petits prix »), dédiée à la relecture des grands classiques de la dramaturgie grâce à différents moyens d’expression artistique, comme le cinéma, la musique ou la danse. Elle s’attaque à Euripide, à Eschyle ou à Tchekhov, à Samuel Beckett et à Harold Pinter, s’intéresse également aux textes contemporains et aux nouvelles écritures, mais aussi à la prose, avec l’adaptation des Vagues de Virginia Woolf et de L’idiot de Dostoïevski. 

Celle qui est longtemps considérée comme une marginale dans le milieu du théâtre britannique s’associe à la Royal Shakespeare Company, au National Theatre et au Royal Court Theatre. Depuis, elle travaille sur les scènes les plus prestigieuses d’Europe. En France, le public découvre peu à peu son travail, notamment lors de son passage au Théâtre de la Ville pour Chantiers Europe un peu plus tôt cette année, et il y a quelques jours à peine, à l’occasion du Festival d’Avignon. 

C’est à Avignon que Katie Mitchell a présenté sa version de Mademoiselle Julie d’August Strindberg, une commande de la Schaubühne Berlin réalisée en collaboration avec le vidéaste allemand Leo Warner. Kristin, nach Fräulein Julie (Christine, d’après Mademoiselle Julie) propose un point de vue inédit sur l’œuvre phare du dramaturge suédois, puisqu’on découvre la pièce de Strindberg à travers le regard subjectif de Christine, la cuisinière. Ainsi, il ne reste plus qu’environ 30% du texte original, et toutes les actions importantes nous parviennent indirectement, comme en écho. 

On entrevoit d’abord les décors d’un plateau de cinéma. Une maison avec des murs et des fenêtres qui privent volontairement le spectateur d’une vue d’ensemble sur la cuisine et les appartements des valets. De part et d’autre du tableau, des cabines acoustiques. À l’avant-plan, des tables où des techniciens s’affairent au bruitage à l’aide d’ustensiles de cuisine. Les acteurs entrent en scène, suivis par des caméras qui filment leurs moindres faits et gestes. Le résultat est projeté sur un écran géant. On voit émerger un film de la mise en scène. 

La force du théâtre de Katie Mitchell, c’est d’utiliser le langage cinématographique pour révéler une nouvelle intrigue, un angle différent aux perspectives étrangères. On pense connaître la pièce de Strindberg, sauf que l’œuvre qui se trouve devant nous n’est plus la même ; Katie Mitchell, après l’avoir déconstruite, la réinvente. Kristin, nach Fräulein Julie est une création maniaque, obsédée par le détail et l’art du faux-semblant, préférant le mensonge plutôt que la recherche d’une vérité éminemment artificielle.