Le cinéaste britannique Terence Davies a construit depuis le milieu des années 1970 une oeuvre unique en son genre, intime et bouleversante. Ses fictions révèlent un rapport organique à la narration, reflets des méandres de la mémoire (The Terence Davies Trilogy, 1976-1983), des souvenirs d’enfance et du temps qui passe (Distant Voices, Still Lives, 1988, prix FIPRESCI au festival de Cannes et Léopard d’Or au festival de Locarno, Une longue journée qui s’achève, 1991, sélectionné au festival de Cannes) ainsi que des affres de la création (Emily Dickinson, A Quiet Passion, 2016, et Les Carnets de Siegfried, 2021, prix du Jury au festival de San Sebastian). Portés par une mise en scène envoûtante, parés de multiples textures, ses films sont aussi une plongée dans le passé et la culture ouvrière de son pays natal, particulièrement de la ville de Liverpool (Of Time and the City, 2008, Une longue journée qui s’achève), enveloppée par une musique tantôt populaire, tantôt classique, à la fois marqueur historique et émotionnel. Se dessine en creux un poignant autoportrait du cinéaste, de ses passions et de ses tourments. Scénariste de tous ses films, il a également adapté quelques classiques de la littérature anglo-saxonne (La Bible de Néon de John Kennedy Toole, 1996, Chez les heureux du monde d’Edith Wharton, 2000 ou The Deep Blue Sea de Terence Rattigan, 2011) et a tourné avec de grands acteurs : Gena Rowlands, Gillian Anderson, Rachel Weisz, Tom Hiddleston, Simon Russell Beale.
Terence Davies s’est éteint le 7 octobre 2023. Les équipes du Centre Pompidou préparaient la rétrospective de ses films depuis de nombreux mois. Lorsque la maladie a frappé, il a été décidé, avec lui et ses proches, que cette rétrospective aurait lieu, quoiqu’il se passe. Elle est donc un hommage. Le Centre Pompidou montre et célèbre tous ses films, ainsi que la poésie qu’il a écrite tout au long de sa vie et qui occupe une place centrale dans le court métrage que nous lui avions commandé, achevé par son assistant artistique selon ses instructions. De nombreux invités présenteront des séances ou témoigneront, dans de courtes vidéos, de l’importance que ses films ont eue pour eux. Le public français pourra ainsi (re)découvrir les films d’un cinéaste grandement admiré outre-Manche ou aux États-Unis mais encore trop méconnu en France.
Cette rétrospective, la première intégrale consacrée à Terence Davies en France, se déploie en même temps que la sortie le 6 mars de son dernier film, Les Carnets de Siegfried (Benediction), retraçant la vie du poète anglais, Siegfried Sassoon, dans l’Angleterre des années 1910 et 1920, en partenariat avec Condor Distribution.