- Parliament, poetry et beauty, des domaines entiers du vocabulaire anglais ont été importés de la langue française.
- Selon l'étude The Future of English: Global Perspectives par le British Council, les langues sont en perpétuelle évolution, ce qui encourage l'effacement des frontières entre elles.
Près de deux milliards de personnes dans le monde et 39 % des Français parlaient l'anglais en plus de leur langue maternelle en 2017, selon le programme de recherche The Future of English: Global Perspectives du British Council. À l’occasion de la Journée européenne des langues, l'organisation britannique pour les relations culturelles et les opportunités éducatives réfléchit sur l’évolution de l’anglais comme langue étrangère dans différents pays ou territoires plutôt que langue maternelle donne lieu aux variantes de l’anglais désignées par le terme World Englishes.
Les recherches du British Council soulignent que les langues sont dans un "état de flux" constant affaiblissant les frontières entre les langues. Cela s’applique également à l’anglais qui est utilisé de diverses manières, souvent dans des situations multilingues. Pour explorer cette tendance, George Wilson, Responsable des programmes d’anglais du British Council France, explique comment la langue française a laissé sa marque sur l’anglais.
L’anglais : une langue plus française que prévue
Selon George Wilson, plus d'un tiers des mots anglais sont généralement acceptés comme provenant de la langue française. Le plus grand afflux de nouveaux mots a eu lieu au cours des XIIe et XIIIe siècles après l'invasion normande de la Grande-Bretagne, lorsque le français normand est devenu la langue de la cour royale, de l'aristocratie et des différents appareils de l'État.
Il n'est donc pas surprenant que les champs lexicaux du gouvernement (parliament, authority, tax), de la religion (prayer, abbey, saint), du droit (court, judge, prison) et de l'armée (artillerie, ambush, batallion) soient remplis de mots français, mais aussi ceux de la mode (boutique, couture, chic) et de la cuisine (buffet, restaurant, beef).
Au cours des siècles suivants, lorsque la classe dirigeante normande s'est progressivement assimilée à la culture britannique, l'anglais est redevenu la langue nationale. La langue de Shakespeare a toutefois conservé les milliers de mots qu'il avait empruntés au français, les utilisant pour ajouter de la couleur et de l'élégance à son lexique.
Une French Touch élégante
De nos jours, il est difficile d'imaginer la langue anglaise sans tous les emprunts au français utilisés au quotidien. C'est particulièrement le cas lorsqu'il s'agit de parler formellement en anglais.
Les registres soutenus de l'anglais sont remplis de vocabulaire d'origine française, tandis que le discours informel repose davantage sur les mots anglo-saxons. Cela fait sens, bien entendu, lorsque l'on considère que c'était l'aristocratie qui parlait français et non le peuple qui continuait à parler anglo-saxon.
Ainsi, lors d'un entretien d'embauche, il vaut mieux dire que l’on offre assistance à nos équipes, tandis que dans un pub, le mot anglo-saxon help sera plus courant. Dans un café, on demandera quelles sont les saveurs de thé proposées avec le verbe anglo-saxon to ask, mais dans une lettre formelle il est plutôt recommandé de se renseigner sur la possibilité d’un emploi avec le verbe d’influence française to inquire.
Cela explique pourquoi, selon les observations de George Wilson, l'anglais de ceux qui ont vécu longtemps en France a tendance à devenir progressivement plus formel sous l'influence des termes français qui les entourent.
La place des World Englishes dans une réalité multilingue
The Future of English: Global Perspectives est la première publication d'un programme de recherche mondial lancé par le British Council en 2020 qui explore les tendances façonnant l'utilisation de l'anglais.
L'une de ces tendances est la reconnaissance croissante des variantes mondiales de l'anglais, ou World Englishes. Les incorporer davantage pourrait permettre à l'anglais de maintenir son statut de langue mondiale.
Selon les mots de Mina Patel, Responsable de la recherche pour The Future of English : "Je pense que ces Englishes ont déjà une influence simplement en étant acceptées et en leur donnant un statut. L'anglais appartient à quiconque l'utilise. C'est, selon moi, la même chose pour n'importe quelle langue. Les variations locales de l'anglais se sont développées comme des lingua francas locales, y compris le Hinglish (un mélange de hindi et d'anglais en Inde) ou le Singlish (à Singapour, incorporant le chinois et le malais)."
Les recherches menées auprès des enseignants montrent que, bien que la plupart soient conscients du concept de World Englishes, ils se concentrent encore en classe sur les formes britanniques ou américaines dites "standard", malgré le fait que leur propre modèle personnel et tout aussi légitime de la langue, notamment en termes de prononciation, imprègne la communication en classe.
En ce qui concerne la certification en anglais, les tests les plus reconnus (IELTS, TOEFL et Pearson) tendent à se concentrer sur les formes "standard" et sont toujours respectées et utilisées. Il y a cependant une demande croissante pour des méthodes alternatives d'évaluation de l'anglais qui tiennent compte des différents anglais parlés dans le monde.
Dans ce contexte, le rapport The Future of English prédit que, bien que les formes "standard" perçues de l'anglais continueront à exister à l'avenir, d'autres formes d'anglais seront de plus en plus utilisées dans le monde académique et au niveau de la politique éducative. Ainsi, les décideurs politiques qui comprennent comment l'anglais est utilisé localement seront mieux placés pour soutenir la communication en anglais de la manière la plus appropriée pour chaque contexte.